TROIS FEMMES DANS MA VIE – LECTURE LONGUE – FRANCAIS
- canhandula
- May 23
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INTRODUCTION
Tout au long de ma vie, j'ai vécu deux chocs majeurs qui ont eu l’effet de libérer mon esprit, ma perception des autres et du rôle d’un superviseur/leader. C’étaient deux chocs positifs, mais ils n'en étaient pas pour autant moins violents.
Le premier choc, je l'ai décrit dans un article précédent ou je décrivais comment j'ai découvert, tard dans la vie, que j'étais métissé après tout[1]. Je m’interrogeais alors, ce que c'étaient toutes ces absurdités racistes que je portais toute ma vie ! C'était donc un mécanisme de protection corrosif (protecteur, et corrosif !). Ne savais-je pas que Jésus a choisi de fuir vers l’Afrique plutôt que de se réfugier sur un autre continent ? Ne savons-nous pas que dans une centaine d’années l'Europe sera noire ? La couleur comme signe distinctif sera alors tellement altérée qu'elle deviendra obsolète.
Mon deuxième choc c’est le thème de mon article : enfin, aucun homme ne peut entamer un récit sur les effets des femmes dans sa vie sans commencer par sa mère biologique. La mienne est décédée quatre mois après ma naissance. Je ne l'ai donc pas vue, à proprement dire. Sinon, elle demeure une reine pour moi, puisqu’elle a le pouvoir sur moi. C’est elle qui sait où elle a enterré mon cordon ombilical.
Cette reine absente a laissé le garçon que je suis aujourd'hui, 69 ans plus tard. Pour en arriver là, j'ai été reçu par des femmes d'un orphelinat appelé Fonte Boa. Je ne me souviendrais pas de toutes les femmes qui m’ont accueilli dans leurs bras, (nous étions trois orphelins avec David et Helena). Mais je me souviens du nom d'une dame, Ana Samuel. Où qu'elle soit, que Dieu soit avec elle. L'autre était Margarida Ferrão. Je n'aurais jamais pensé la revoir, mais elle est vivante et je l'ai rencontrée à 68 ans. J'ai réussi à tomber une fois de plus dans ses bras. Il y a eu d'autres femmes qui m'ont protégé dans mon enfance, mais l’âge finit par nous faire oublier.
Voilà pour mon enfance.
Et puis il y a la vraie femme dans ma vie : mon épouse. Mais cela relève du privé et elle n'est pas apparue dans ma vie : nous nous sommes cherchés. Permettez-moi de sauter ce chapitre, vous comprenez ?
CHEZ LE HAUT-COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS
Pour parler de mon expérience professionnelle et du rôle des femmes dans cette expérience, je dois me référer au HCR. L’impact sur moi des femmes que j'ai croisées en tant qu'enseignant ou jeune diplomate a été très inférieur à celui que j’ai éprouvé dans cette organisation. Peut-être étais-je aussi difficile à impressionner à l’époque.
Toujours est-il que les femmes que j'ai côtoyé au HCR ne m'ont jamais laissé indifférent, d'une manière ou d'une autre. Avant d'en arriver là, permettez-moi de célébrer la mémoire de mes superviseurs directs dans l’organisation, par ordre chronologique. Peut-être vous reconnaissez quelques-uns :
1. David Kapya à Tete, Mozambique.
2. Andrew Mayne à Danané, Côte d'Ivoire.
3. Anna Lyria Franch, Antoine Noel et Marjon Kamara à Luanda, Angola.
4. Maureen Connely à Ngara, Tanzanie.
5. Luc Stevens et Kai Nielsen à Dar es-Salaam, Tanzanie.
6. O. Bajulaiye, Ahmed Gubartalla et George Okoth-Obbo à Lusaka, Zambie.
7. Mengesha Kebede à Genève, Suisse.
8. Eusebe Hounsokou à Kinshasa, RDC.
9. Liz Ahua à Nairobi, Kenya.
10. Valentin Tapsoba à Freetown, Sierra Leone et Niamey, Niger.
11. Liz Ahua à Genève, Suisse.
12. Liz Ahua à N'Djamena, Tchad et Abuja, Nigéria.
13. Clémentine Nkweta Salami à Dar-es-Salaam, Tanzanie, fin de carrière.
Ces responsables couvrent mes 33 ans de carrière aux Nations Unies. Mon intention dans cet article est de saluer le leadership féminin au HCR en rendant hommage à trois superviseurs qui m'ont profondément impressionné, toléré, instruit et fait évoluer dans la carrière, car elles croyaient en mes capacités. Elles en ont occupé 20 de mes 33 années (66%) en ma qualité de fonctionnaire international :
ANA LYRIA FRANCH, de nationalité espagnole, pour qui j'ai travaillé en Angola.
MARJON KAMARA, de nationalité libérienne, pour qui j'ai travaillé à trois reprises : en Angola, en Tanzanie et en Suisse.
LIZ AHUA, de nationalité nigériane, pour qui j'ai travaillé à quatre reprises : au Kenya, en Suisse, au Tchad et au Nigéria.
Avant de caractériser ces femmes remarquables, je dois préciser qu'il ne s'agit que de femmes. J'ai reçu un soutien, des conseils, une reconnaissance, un apprentissage tout aussi important de la part de chefs masculins qui ont été pour moi des vrais leaders, et que je dois brièvement mentionner ici :
Emmanuel Owusu : il m'a dit (1991), après une mission de terrain conjointe HCR /PAM dans les forêts de la province de Zambézia (nord du Mozambique), qu'un bon rapport structuré et proposant des solutions équivaut à une quittance que tu émets contre ton salaire mensuel.
Andrew Mayne : il m'a appris (1992) Lotus 123, avec ses nombreuses fonctionnalités automatisées. Il m'a également appris à toujours avoir un livre avec moi lors de longs voyages, surtout dans les aéroports. On a toujours du temps, et certains retards de vols sont une opportunité de lecture.
Kai Nielsen : Si tu veux être un bon chargé de programme, maîtrise les logiciels de l’organisation et sois positivement réactif à chaque nouveau système qu’on introduit.
Ahmed Gubartalla : Polis tes angles agressifs, sois diplomate comme tu l’as été avant, et ton intelligence fera le reste pour t’ouvrir des portes.
George Okoth-Obbo : Chaque fois que tu écris à n’importe qui, assure-toi de relire ta lettre comme si tu en étais le destinataire. N’envois jamais une lettre ou un courriel à la hâte : rédige-les, passe la nuit dessus et reprends-la le lendemain. Et participe à la formation en ligne (e-learning) offerte par l’organisation.
Mengesha Kebede : Crois en toi-même et porte-toi le premier pour les tâches difficiles ou complexes. On n’accomplit rien sans effort. Au fait, oublie déjà ta couleur. Occupe plutôt tes pensées avec des idées positives.
Merci à tous mes chefs, et permettez-moi de revenir à mes trois femmes principales.
En joignant le bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, j’ai trouvé une véritable fourmilière de femmes très occupées. J’ai rencontré Sadako pour la première fois dans un petit village frontalier de Tete, Mutarara. En compagnie d’un collègue Nigérian Volontaire des Nations Unies (Ebe Okwuchukwu), nous avons passé la nuit dans un arbre, attachés par des cordes qu’on trouvait dans la boîte de terrain du HCR qu’on nous envoyait de Genève. Nous avions essayé la petite tente, mais des hyènes sont venues lécher nos pieds. Enfin, je m’égare de l’essentiel. Sadako est venue, mais je n'ai compris l'importance de sa visite qu'après son départ. Elle annonçait en fait le caractère des femmes que j'allais rencontrer dans cette organisation. Jusque-là, je percevais l'importance comme une question masculine.
Puis on m’envoie à Danané, où j'ai trouvé trois réfugiées libériennes qui allaient faire carrière au HCR, y compris au niveau de représentantes : trois fonctionnaires internationales qui ont vécu l’expérience de réfugié dans leur peau : Olivia Shannon, Sharon Cooper et Annette Nyekan. Des femmes solides avec un sens maternel.
Je suis ensuite allé en poste en Angola comme chargée de programme. Anna Lyria Franch était notre Représentante. La première fois que je travaillais avec et pour une femme blanche pour qui sa blancheur ne lui disait rien.
Elle m'a introduit dans la culture de l’organisation comme il se doit : « Procédures et protocoles, jeune homme ! tu n'es plus enseignant ou petit diplomate, tu es fonctionnaire international, tu comprends ? À propos, je tge donne un document que tu as déjà reçu, mais que tu n'as peut-être jamais lu. » Elle m'a donné la brochure « Normes de conduite de la fonction publique internationale » et m'a encouragée à la lire en entier. Je l'ai lue toute lors d’un long voyage routier entre Luanda et Mbanza-Kongo, via Huige et Negage, un voyage memorable entre les territoires sous contrôle du MPLA et veux de l'UNITA. Je voyageais en compagnie d'une collègue Chargée de Terrain, Beatrice Ngendandumwe.
Quelques leçons d'Anna :
Fais un effort pour mieux t’habiller, tu n’es plus le petit gars du village. Elle m'a offert en 1992 une cravate verte à rayures, que je garde encore quelque part. Maintenant que je suis à la retraite, je ne porte plus de cravate.
Lis et apprends toujours.
Il faut avoir le courage de parler au MPLA comme à l'UNITA. On ne te demandons pas d'être neutre, mais impartial (j’ai fini par faire attention aux nuances et subtilités linguistiques importantes).
Un matin, elle m'a confié sept voitures de terrain Toyota pour livrer à Mbanza-Kongo pour le rapatriement de refugiés Angolais depuis le Zaïre (RDC). Les véhicules ont été transférés par avion depuis Luanda pendant deux jours. La livraison terminée, un officier de l'UNITA est venu me voir pour dire qu'ils avaient vu les nouvelles voitures et qu'ils viendraient les chercher dans l'après-midi, « le temps pour moi d'en informer mes chefs à Luanda », il a renchéri. Apres avoir émis toutes les objections, j'ai demandé si un jour nous pourrions les récupérer. « Après la fin de la guerre », a-t-il poliment répondu.
Bien sûr, j'ai appelé Luanda, tout alarmé à mon âge, vous vous imaginez ! Mme Anna Lyria m'a conseillé de ne pas jouer le héros face à des hommes armés, de livrer les véhicules sans vacarme. Elle s’expliquerait devant les autorités de Luanda, pour qu’elles ne pensent pas qu'un Mozambicain est venu soutenir l'UNITA.
À l'époque je n'avais pas compris qu'elle me protégeait contre un gouvernement puissant qui aurait pu m'accuser de livrer de la logistique à l'UNITA.
Lors de ce rapatriement, hormis quelques incidents malheureux survenus dans un pays en guerre, j'ai vu des endroits magnifiques, de loin plus beaux que les stations balnéaires suisses en Europe. Je n'ai jamais vu le jardin d'Éden, mais ceux-ci pourraient être du même ordre de beauté: des lieux sur le grand axe Uige-Negage-Mbanza-Congo-Soyo-Nzeto. La frontière avec la RDC et celle avec la Zambie, j'ai oublié les noms.
Ce fut une courte rencontre avec Anna Lyria, pas plus d'un an et demi, mais elle m'a impressionnée et sa coiffure est restée dans ma mémoire.
Marjon Kamara Representante m'a rencontré en Angola, on est allés ensemble a Luau, Luena et Cazombo, Moxico et peu après j’ai été transféré à Ngara, en Tanzanie, pour travailler pour les réfugiés rwandais et burundais. Deux ans plus tard, transféré à Dar es-Salaam comme chargé de programme, où pour la deuxième fois j'ai travaillé pour Marjon Kamara.
Avec Marjon, on apprend à préparer ses arguments. Et a parler direct.
Avec Marjon, on apprend à poser une question et à proposer une ébauche de réponse.
Avec Marjon, on apprend à proposer des idées et à avoir déjà un brouillon sur papier.
Avec Marjon, on apprend à anticiper.
Je ne sais pas comment résumer toutes ces leçons. Elle nous a appris à anticiper. J'ai donc résolu d'être au bureau 90 minutes avant tout le monde. Cela m'a permis d'etudier, de faire des recherches et de maîtriser les compétences de programmation. Grâce à cet auto-apprentissage et à l'expérimentation des systèmes mis à ma disposition par l'organisation, j’ai eu une bonne évolution professionnelle. Ces quatre-vingt-dix minutes valaient bien une journée entière de travail. Dix-huit ans plus tard, comme représentant, aucun membre du personnel ne pouvait me présenter des faux rapports, car je pouvais extraire moi-même n'importe quel rapport ou produire des tableaux d’analyse à partir des systèmes de l'organisation. Et puis, grâce aux compétences Lotus 123 qu'Andrew Mayne m'a enseignées…
Début 1996, Sergio Vieira, alors Haut-Commissaire adjoint, était venu à Ngara pour nous annoncer que les réfugiés Rwandais devraient rentrer dans leur pays dans les douze mois. Ayant été nommé chargé de programme à Dar es-Salaam, je me suis retrouve immédiatement dans des négociations avec le gouvernement concernant les ressources nécessaires au rapatriement. Les deux gouvernements ont entretemps décidé de changer les délais et de dire au HCR que ce rapatriement prendrait six mois.
Nous venions tout juste de conclure les discussions et de débloquer la première des deux tranches d'argent accordées. Une semaine plus tard, le rapatriement était terminé, avant même que le gouvernement ait eu le temps de dépenser l'argent. Il s'agissait d'un rapatriement militaire et, de toute évidence, le gros de cet argent n'aurait jamais été utilisée comme prévu. La deuxième tranche n'a jamais été versée, et encore que nous demandions le remboursement de la première. Le rapport statutaire est arrivé cinq mois plus tard, des dépenses que nous ne pouvions jamais accepter pour un rapatriement qui le gouvernement déclarait terminé le jour même où nous concluions les négociations budgétaires.
L'Inspecteur Général du gouvernement a insisté dans une lettre officielle sur le bien-fondé des dépenses ! N’ayant jamais accepté les dépenses, l'affaire n'a jamais été réglée, mais elle impliquait maintenant une certification de l’inspectorat général. On ne peut pas oser contourner la déclaration d'un inspecteur général.
L’affaire n'était pas terminée. J'étais en mission sur le terrain neuf mois plus tard, suivant à la télé un matin le naufrage du bateau MV Bukoba dans le lac Victoria, près de la ville côtière de Mwanza, lorsqu'on m’informe que la Représentante voulait me parler. « José, tu as accordé une interview à un journal pour affirmer que le gouvernement aurait détourné de l’argent destiné au rapatriement ? Tu as bien pu lire le journal de ce matin ? »
« Non », ai-je répondu ; « et de toute façon, nous n'entretenons pas de relations bilatérales avec le gouvernement par l’intermédiation de la presse, n'est-ce pas ? »
« Merci, c'est tout ce que j'ai besoin de savoir. »
À mon retour, j'ai appris qu'elle avait en fait écrit au gouvernement pour me protéger contre une colère mal dirigée. Une Représentante qui m’a soutenu à 100 % et que je rencontrerais par hasard une troisième fois à Genève. Son geste a été d'autant plus important que j'étais (et je suis) marié dans ce pays, la Tanzanie. Je ne voudrais pas qu’on me déclarât PNG pour cinq ans avec une famille tanzanienne !
Je suis passé de la Tanzanie à la Zambie, puis à Genève. Mon superviseur immédiat à Genève c’était Mengesha Kebede, que j'avais rencontré pour la première fois au Malawi, à la frontière avec le Mozambique, lorsque j'étais jeune officier et qu'il gérait l’assistance aux réfugiés mozambicains.
Il aurait falu un long récit pour décrire ce que j'ai appris de M. Mengesha au sein de la célèbre Section de Coordination des Programmes et de Soutien Opérationnel. Il suffit de mentionner le projet Standards et Indicateurs et le fait qu'il nous a envoyés sur le terrain pour promouvoir son application: je me suis rendu au Pakistan, en Guinée, au Ghana, en Tanzanie et en Ouganda pour expliquer leur application dans la programmation. Grâce à lui, quelques collègues et moi-même (mémoire à Bornwell Kantande) nous sommes devenus les experts du programme a qui l’organisation pouvait recourir.
Via Mengesha, je suis tombé de nouveau sous la supervision de Marjon Kamara, Directrice, dont nous relevions. Elle qui savamment exerçait une subsidiarité maximale, permettant à certains d'entre nous de briller. J'ai alors compris la philosophie de ces deux superviseurs (Marjon et Mengesha) : « il n'est pas nécessaire d'éteindre une bougie pour que l'autre brille. En fait, les deux brillent bien plus que 1 + 1 = 2. Avec un leadership approprié, 1 + 1 = 11, le multiplicateur étant une attitude positive ».
Lorsque j'étais Représentant Adjoint à Kinshasa, j'ai postulé et j'ai été nommé Représentant au Libéria. Entretemps, Marjon et George Okotth-Obbo m'ont appelé pour me supplier de renoncer à ce poste et de continuer trois ans encore comme adjoint de la Représentante au Kenya, car la personne que j’allais remplacer, si acceptable, était malade. L'organisation n’oublierait pas ce sacrifice, m'ont-ils dit.
C'était là un sacrifice que j'ai accepté immédiatement et aisément. Apres tout, Marjon m’avait protégée au moment où j'en avais le plus besoin en Tanzanie.
Au Kenya, je suis tombe sous la supervision d’une Représentante, Liz Ahua, qui m'a laissé tout l’espace pour gérer les opérations, prendre des initiatives et innover. En innovant, j’ai commis des erreurs. Mais on ne peut jamais inventer si on a trop peur de commettre des erreurs. Elle les a acceptées ces erreurs et elle m'a laissé le temps pour me rattraper et pour reprendre le courage de continuer les innovations.
C'était à l'époque où l'organisation introduisait le logiciel FOCUS comme outil de programmation. J'ai piloté le processus, expérimenté et fourni nos réactions sur le logiciel aux experts du siège.
J'ai travaillé sous Liz une deuxième fois à Genève lors de ma deuxième affectation là-bas, devenu le responsable des opérations pour l'Afrique de l'Ouest. Elle était très exigeante et rigoureuse lors des revues annuelles des opérations, et elle exigeait des réponses rapides aux demandes opérationnelles du terrain (maximum trois jours, elle avait établi).
C'était également ma deuxième rencontre avec George Okoth-Obbo, alors supérieur hiérarchique de mon superviseur. Je m’oblige de mentionner George, car on ne peut pas rester insensible juste à sa présence. Et si tu travaillait pour lui alors! Il creuse ton intelligence et t’oblige à la mettre en valeur. La prochaine fois que tu le voit arriver, tu as envie de l'éviter, mais finalement tu te rends compte que c'est des plus rares personnes avec qui on apprend le plus. George me faisait rédiger six brouillons d'une lettre avant de l'approuver.
Il n'est pas du tout facile de trouver cette combinaison de superviseurs auprès desquels on apprend le professionnalisme, le détail, la franchise, la persuasion, la rigueur et la logique : Marjon et Mengesha. George Okoth-Obbo et Liz Ahua. De véritables poids lourds du monde professionnel. Tous aujourd’hui au garage de la retraite.
J'ai appris de Liz :
Porter ton sourire.
En tant que représentant adjoint, tu disposes des ressources et de la capacité de décision nécessaires et personne ne t’apprendra que tu as suffisamment d’espace et de pouvoir pour trouver des solutions innovatrices.
Lorsque tu auras évolué dans la hiérarchie, souvient-toi là-haut de tes origines modestes. Ne laisse pas le pouvoir contaminer ta personnalité.
Tu dois pouvoir dire qu'au cours de ta carrière, tu as aidé au moins deux collègues à construire la leur.
Un jour, tu devrais pouvoir écrire tes expériences professionnelles. Il me semble que tu as beaucoup à raconter de ta vie.
Liz reviendrait me superviser une fois de plus dans son rôle de Directrice pour l'Afrique de l'Ouest basée à Dakar, lorsque j'étais Représentant au Tchad et au Nigéria, soit onze ans au total (Kenya 3, Genève 2, Tchad 3 et Nigéria 3). Grâce à son soutien, j'ai ouvert un bureau à Bagasola, au bord du lac Tchad, du côté tchadien, (unique fois où j'ai ouvert un bureau). Elle m’a beaucoup aidé pour la réussite de l’organisation à Abuja, Nigéria, du deuxième Dialogue Régional sur la Protection dans la situation du Lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigéria, Tchad). Si vous parvenez à organiser ce genre de conférence, vous pouvez devenir ministre des Affaires Étrangères dans votre pays.
Au lieu et place, nous avons tous préféré prendre notre retraite pour gérer soigner nos maladies liées à notre mode de vie active : diabète, cholestérol et autres maladies courantes, qu’on appelle comorbidités (maladies jumelées qui tendent à venir ensemble dans notre âge d’or).
Je m'incline profondément devant ces superviseurs. Je reconnais profondément ces femmes dont les contribubutions m’ont permis une réussite dans ma vie publique. Maintenant je me repose tranquille et orgueilleux aux abords du grand fleuve Zambeze. Grâce à Anna Lyria, Marjon Kamara et Liz Ahua.
Il y a bien sûr, les hommes. Je sais que sans femme il n'y a pas d'homme. Pourrais-je encore me permettre de poser la question : existerait-t-il une femme sans l’homme ? Les hommes, nous ne pouvons pas porter grossesse, mais peut-être nous circulons avec un squelette incomplet, une côte de moins que ce que nous étions initialement censés porter. Où on a mis cette côte ?
Jose, Mai 2025

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